Hier le Vietnam, aujourd'hui la Palestine: solidarité internationale!
La mobilisation des étudiants pour la Palestine et sa criminalisation rappellent le mouvement de solidarité pour le Vietnam qui avait préfiguré mai 68.

Le puissant mouvement de solidarité avec le peuple palestinien, qui se développe actuellement tant aux États-Unis qu'en Amérique Latine, en Afrique, en Asie, en Europe et aussi en France, est la cible d'une tentative de criminalisation à grande échelle visant à l'éradiquer.

La violente répression qui le frappe est révélatrice. Sur les campus étasuniens avec des centaines d’arrestations. Ou ici avec un flot de calomnies et d’amalgames comme on l’a vu avec la pacifique occupation de Sciences Po Paris traitée comme une action criminelle.

La présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a dénoncé jeudi matin “un climat d’antisémitisme qui s’est installé” en France. Elle s’est inquiétée que les universités puissent devenir “des lieux de militantisme effréné”, en faisant référence à la mobilisation propalestinienne. 

Faut-il pleurer, faut-il en rire? Venant d’une “inconditionnelle” de Netanyahu qui “campait à Tel-Aviv” avec Eric Ciotti, symbole de la droite d’extrême-droite, et le vieux nervis du Betar, mouvement de choc fascisto-sioniste, Meyer Habib, on ne s’étonne de rien.

Le président du Sénat Gérard Larcher ose un retentissant “Sciences Po ne peut pas devenir un bunker islamo-gauchiste.” Il dénonce pour faire bonne mesure (ou pour nous faire rigoler)”le wokisme, une idéologie qui est en train de prendre en main une partie de l’université.” Derrière la grasse bonhomie, le Versaillais, Ernest Courtot de Cissey, Joseph Vinoy et Gaston de Galliffet.

Elisabeth Badinter, promise aux Invalides, voit dans le mouvement étudiant pour le cessez-le-feu et le droit international “une poussée d’antisémitisme” et le premier ministre Gabriel Attal dénonce “l’action d’une minorité agissante et dangereuse qui cherche à imposer ses règles à nos étudiants et nos enseignants, un spectacle navrant et choquant. ” La ministre de l’Enseignement supérieur Sylvie Retailleau comme le premier ministre et toutes les droites mettent en cause , évidemment, la France Insoumise…et particulièrement Rima Hassan qui appelle à “l’Intifada” au quartier latin et pourquoi pas au “Djihad” rue Saint Guillaume ? On tremble.

Pourtant dès que l’on donne la parole aux premiers concernés comme l’a fait France Culture ce matin, 2 mai, on entend un tout autre son de cloche, loin des calomnies et des stupidités, des mensonges et du racisme.

Ecoutez ces deux profs et cet étudiant de Sciences Po et vous saurez ce que sont les faits. Les faits têtus, loin des immondices verbales des classes dirigeantes et de leurs larbins.

Ce qui panique nos dirigeants c’est l’histoire. Mai 68 est apparu comme le produit d’une fermentation politique au sein de la jeunesse dont l’axe était la solidarité avec la lutte du peuple vietnamien contre l’impérialisme étasunien. Les divers Comités Vietnam dans les lycées et les universités ont été les creusets d’une génération de militants. La mobilisation des étudiants contre la guerre du Vietnam préfigure Mai 68. Engagement, comités, manifestations, réseaux militants, radicalisation des mots d’ordre, formation à l’anti-impérialisme, la  jeunesse a fait ses classes par et avec la solidarité pour le Vietnam (Simple rappel : au minimum, trois millions cinq cents milles morts vietnamiens – 3,5 millions- contre 58.000 morts étasuniens).

Indignés par les bombardements meurtriers, le napalm, les défoliants, les armes chimiques comme l’agent orange, qui massacraient des civils, enfants et femmes par centaines de milliers, contre un peuple qui ne voulait que son indépendance, indignés par ce que le Tribunal international pour les crimes de guerre, appelé Tribunal Russel, du nom de son initiateur (Bertrand Russel prix Nobel de la paix), a qualifié à l’unanimité de ses membres de “génocide”*, la jeunesse, d’abord estudiantine, s’est levée pour la paix. Sur les campus aux Etats-Unis, où quatre étudiants étasuniens sont tués par la police en 1970, en Europe, en France et partout dans le monde.

Pour Julie Reuben, historienne et professeure à Harvard, le mouvement actuel des étudiant-e-s “est du jamais vu depuis les mobilisations contre la guerre du Vietnam”.

Et c’est ce qui fait peur et enrage les gouvernements bourgeois, ici et partout. Le spectre d’une jeunesse engagée au côté de la lutte de libération du peuple palestinien hante les jours et les nuits des classes dirigeantes. Car elle savent que lorsque les jeunes prennent conscience de ce que sont les guerres coloniales et impérialistes, de leur nature, ils vont tôt ou tard mettre en cause la matrice qui provoque ces guerres : le capitalisme.

Hier comme aujourd’hui ceux qui vivent sont ceux qui luttent et, comme l’a dit Jean-Luc Mélenchon, les jeunes qui se lèvent pour la Palestine “sont, pour nous, l’honneur de notre pays”. 

Source: NBH

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