Le Rwanda suspend sa coopération au développement avec la Belgique à cause de la RDC

Le gouvernement rwandais a annoncé la suspension de sa coopération au développement avec la Belgique, invoquant l'ingérence présumée de la Belgique dans les affaires régionales et les efforts visant à saper l'accès du Rwanda au financement du développement.

Fév 20, 2025 - 11:02
Fév 21, 2025 - 23:07
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Dans un communiqué publié par le ministère rwandais des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Kigali a accusé la Belgique de s'aligner sur la République démocratique du Congo dans une campagne visant à isoler le Rwanda des institutions financières multilatérales. Le communiqué a critiqué la Belgique pour avoir « politisé le développement » et a affirmé qu'aucun pays ne devrait voir son financement du développement utilisé comme levier dans les conflits géopolitiques. En conséquence, le Rwanda a suspendu le reste de son programme d'aide bilatérale 2024-2029 avec la Belgique. Cette décision intervient dans un contexte de tensions persistantes entre le Rwanda et la RDC, notamment concernant les problèmes de sécurité le long de leur frontière commune. Le Rwanda a accusé la communauté internationale de ne pas tenir la RDC responsable de son soutien présumé à des groupes armés, notamment aux Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), sanctionnées par l'ONU.

Le Rwanda maintient qu’il continuera à donner la priorité à la sécurité nationale et aux partenariats de développement fondés sur le respect mutuel, soulignant que tout financement qu’il reçoit est soumis à des mesures strictes de responsabilité. Le ministre belge des Affaires étrangères, Maxime Prévot, a clairement indiqué que la Belgique était déjà en train de réévaluer son programme d’aide au Rwanda en raison de la violation par Kigali de l’intégrité territoriale de la RDC et des principes de l’ONU. Cela signifie que la suspension du programme d’aide du Rwanda pourrait être une façon de sauver la face avant que la Belgique n’impose officiellement des sanctions ou ne réduise son soutien. La Belgique a exprimé haut et fort sa volonté d’adopter une position plus ferme contre le rôle du Rwanda dans le conflit en RDC, en particulier après la prise de Goma par le groupe rebelle M23 et, plus récemment, de Boukavou. Face à la pression internationale croissante, notamment de la part de l’Union européenne, le Rwanda a probablement cherché à couper les ponts de manière préventive plutôt que d’être perçu comme dépendant de l’aide d’un pays critique à l’égard de ses actions.

Le Rwanda a toujours été un important bénéficiaire de l’aide étrangère, notamment de la Belgique, qui a financé des projets dans les domaines de la santé, de l’éducation et des infrastructures. Mettre fin à ce partenariat pourrait sembler contre productif pour un pays qui dépend encore du financement extérieur pour son programme de développement. Cette décision suggère que le Rwanda est prêt à renoncer à un soutien financier essentiel afin de maintenir ses objectifs politiques et stratégiques dans la région. Bien qu’il veuille se présenter comme un pays autonome, le Rwanda reçoit environ 1,3 milliard de dollars d’aide internationale par an, ce qui représente une part importante de son budget de 4 milliards de dollars. Cette forte dépendance à l’aide étrangère contredit sa décision de mettre fin unilatéralement à un programme de coopération avec la Belgique, un donateur clé. Cela soulève la question suivante : le Rwanda a-t-il la résilience économique nécessaire pour supporter un tel niveau de défiance, ou s’agit-il plutôt d’un pari calculé, espérant que d’autres alliés – comme le Royaume-Uni, les États-Unis ou la Chine – combleront le déficit financier ?

Cependant, le Royaume-Uni a officiellement convoqué le Haut-Commissaire du Rwanda en réponse à l’activité militaire croissante du groupe rebelle M23 et des Forces de défense rwandaises (RDF) dans l’est de la République démocratique du Congo. Cette décision fait suite à l’inquiétude croissante de la communauté internationale face à l’escalade de la violence, au déplacement de civils et aux menaces à la stabilité régionale. Le Royaume-Uni a exprimé ses profondes inquiétudes face à l’expansion territoriale rapide des rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, qui a conduit à la prise de plusieurs villes et villages au Nord et au Sud-Kivu. Le déplacement de centaines de milliers de civils a exacerbé une crise humanitaire déjà grave, avec des camps de fortune atteignant leur pleine capacité et des organisations humanitaires luttant pour répondre aux besoins de base.

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